"La rétine du colosse observe cette graine énorme pour ses proches mais immensément faible pour les géants qui parcourent son monde. Immobile, elle se tord sous le regard farouche de l'œil convexe, sa pupille indilatable de cristal traduisant son mental d'acier, sa concentration. Ô roi des prismes, des quartz , des rubis et des émeraudes, qui t'es laissé apprivoiser par Polyphème ! Ne vois-tu pas que par ton existence, un être souffre ? Puis un autre ? Et encore un ? La graine a six longues, frêles et rouges pattes, mobiles malgré la mort de leur maître. Elles se tordent, et se retordent sous le joug non du fer, non de la poudre ou du bois, mais de l'outil de son lumineux créateur. Elle rabat ses pattes sur son corps tordu et calciné, déchiré, ouvert, éclaté par la pression de ses fluides internes en ébullition. Que c'est beau ! Un petit ""pop"", une petite onomatopée qui prend du sens ! Quelle mélodie ! un sol, un la, un ré formant le concerto de la souffrance, dont la vedette est cette pauvre victime travailleuse, qui allait et venait dans les allées de sa tanière, en compagnie de ses camarades, des ses sœurs de lait, jusqu'au jour où on lui demanda d'aller chercher de la nourriture pour sa souveraine. Quelle mort injuste ! Elle s'est approchée du titan, sans le voir pourtant. Elle qui n'a jamais vu la vie, comment aurait-elle compris que cette montagne et son outil à la main étaient un tendre enfant de son âge, mais d'une autre espèce, connue pour sa cruauté sans limites ? Elle achève donc de brûler, cette triste ouvrière hexapode, et ses cendres iront flotter aux narines de son bourreau et de son arme lenticulaire. "
